Pastojeunes : Il y a l’image des jeunes qui basculent vers l’intégrisme, celles des jeunes qui se retrouvent en rassemblement œcuménique à Taizé, celle des jeunes qui ne se sentent pas concernés mais qui n’hésitent pas à rendre service, celle des jeunes qui se disent « libres » car aucune attache, quelles réflexions cela vous amènent à faire ? Comment et par quoi l’Eglise peut-elle s’adresser à chacun ?
Mgr Habert : "Il est juste de dire que le monde des jeunes est caractérisé par une grande diversité. Parler des jeunes en les englobant dans une même réalité est forcément réducteur.
Ceci dit, ce qui caractérise les jeunes c’est souvent qu’ils sont habités par des désirs, de l’enthousiasme, des idéaux, des utopies, une grande générosité. C’est en s’adressant à ce potentiel qui normalement habite le cœur et l’esprit d’un jeune qu’il faut les rencontrer.
L’idéal dans la pastorale des jeunes c’est de proposer des initiatives diversifiées. Certains seront intéressés par la réflexion, d’autre par l’action, d’autre encore par la prière ou le partage. A nous de percevoir ces attentes et d’essayer d’y répondre. La foi nous donne de croire que ces jeunes (comme les adultes) portent en leur cœur une aspiration, celle d’aimer, de servir, de se donner … C’est en Christ que cet idéal est comblé, à nous de le proposer".
Pastojeunes : le pape François utilise souvent des expressions comme « avanti !», « au travail ! » « confiance ! » et utilise de nouveaux vecteurs de communication. Comment peut-on comprendre ce message ? L’Eglise ne risque t- elle pas de galvauder son message intemporel en l’habillant des outils d’aujourd’hui, parfois éphémères et pas toujours compréhensibles par tous ?
Mgr Habert : "Saint Paul dit dans une de ses lettres : Qu’importe ! De toute façon, que ce soit avec des arrière-pensées ou avec sincérité, le Christ est annoncé, et de cela je me réjouis. Ph 1, 18.
Saint Paul ne dit pas que les moyens sont indifférents, certains sont en effet anti évangéliques, mais il signifie que c’est bien cette annonce qui doit nous mobiliser. Pour ce qui concerne les moyens de communication on peut en effet les utiliser : messages mail, twitter, vidéo, face book …. De tout temps l’Eglise s’est adaptée aux formes que prenaient les communications (pensons au développement de l’imprimerie, ou de la télévision).
L’important en ce domaine c’est de ne jamais imaginer que les seuls moyens techniques suffisent. Pour annoncer l’évangile rien ne remplacera le contact direct, humain. Rien ne remplacera le témoignage de vie. Sur la forme l’Eglise peut et doit s’adapter, sur le fond du message elle doit rester fidèle aux paroles même de Jésus ".
Pastojeunes : La société s’adapte à tous ces jeunes qui espèrent. Ils sont eux-mêmes l’espoir puisque l’avenir. Autrement que s’adapter, comment l’Eglise peut anticiper et aller à leur rencontre pour préparer l’avenir ? Finalement quel espoir leur propose t- elle ?
Mgr Habert : " L’Eglise ne cherche pas à tout prix à s’adapter au monde moderne, car en soi la modernité n’est ni bonne ni mauvaise, elle est un fait qui s’impose à nous. L’Eglise opère un tri entre ce qui constitue un progrès ou une régression pour l’homme. Mais indépendamment de ces évolutions l’Eglise se sait porteuse d’un message unique et universel. Sa mission est de le proposer, avec les moyens qui sont à sa disposition. Jésus le dira avec force, nous ne sommes pas du monde (nous ne cherchons pas à être à la mode), mais nous sommes dans le monde (nous ne sommes pas des extra-terrestres !).
C’est un équilibre que l’Eglise essaye de vivre. Son souci d’aller vers les jeunes est grand, elle voudrait leur donner le trésor de l’évangile. Ils le liront dans nos vies si elles sont habitées par le Christ ".
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